On entend souvent dire « Oh c’est sorti tout seul », ou « je ne sais pas ce qui m’a pris », ou encore « je veux ci, donne moi ça », « j’avais envie ». On dit parfois des choses de manière irréfléchie, incontrôlée. On fait parfois ce que l’on a envie, en dépit des conventions sociales ou des autres. Bref, on fait passer nos envies avant tout un tas d’autres choses. Mais en fait, qui est responsable de cette impulsivité, de l’urgence de certaines de nos paroles et actes ? Hé bien, on pourrait dire que c’est le « ça » !
Mais qu’est ce que c’est que le ça ?
Selon Freud, » C’est la partie la plus obscure, la plus impénétrable de notre personnalité. [Lieu de] Chaos, marmite pleine d’émotions bouillonnantes. Il s’emplit d’énergie, à partir des pulsions, mais sans témoigner d’aucune organisation, d’aucune volonté générale ; il tend seulement à satisfaire les besoins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir. Le ça ne connaît et ne supporte pas la contradiction. On y trouve aucun signe d’écoulement du temps. »
Qu’est ce qui se cache derrière ce concept psychanalytique ?
Ce terme désigne une instance psychique. Le ça entretien des connexions avec le surmoi et le moi. Il constitue le pôle pulsionnel de l’inconscient. C’est le réservoir de l’énergie pulsionnelle liée ou refoulée. Il désigne le domaine de l’instinctif et ne connait ni règles ni d’interdits. Il opère avec le besoin de satisfaire immédiatement les pulsions et cela de manière illimitée. Le « ça » est aussi régit par le principe de toute puissance ou d’omnipotence.
Par exemple, lorsqu’on dit ou fait des choses sans réfléchir, on le doit à cette partie là de notre personnalité. En résumé, c’est quand qu’on se sent dépassé par nos besoins et nos désirs. C’est encore lorsqu’on réagit à chaud à un évènement ou à une idée. Le « ça » désigne la partie la plus profonde et la plus spontanée de notre personne. C’est cette première petite voix dans notre tête qui nous ordonne de faire ou ceci, de dire cela.
Le « ça » c’est en quelque sorte la partie animale, la partie instinctive qui sommeille en nous. « Sommeille » n’est d’ailleurs pas le terme le mieux choisi pour le qualifier. En effet, il est tout sauf tranquille. Bien au contraire, il représente un aspect de notre personnalité pour le moins houleux et impulsif. Il ne désigne donc pas la partie la plus éduqué ou civilisé de nous-même. C’est en fait tout l’inverse. Le ça est comme un enfant sensible et entêté.
Qui est-ce et comment le qualifier ?
C’est la première instance de la vie, on dit donc qu’elle est archaïque. Elle préexiste à l’apparition de la conscience de soi et des autres. Ce pôle s’exprime pleinement chez le nourrisson et le jeune enfant. Ainsi, on pleure pour exprimer ses besoins lorsque l’on manque de quoi que ce soit. Plus tard, l’instauration de la frustration et des règles permettra au petit individu de domestiquer ses pulsions, en ajournant ses désirs à la réalité pour atteindre la satisfaction recherchée. Pourtant, à l’âge adulte on peut on peut retrouver des résidus du narcissisme primaire qui fait passer notre plaisir propre avant tout.
On dit souvent de lui qu’il est Impulsif, irresponsable, séducteur, tentateur, rebelle, instinctif, chaotique, passionné.
Comment fonctionne-t-il ?
Il est donc le lieu de notre désir, de nos pulsions et de notre libido. Il ignore les jugements de valeurs, le bien ou le mal. Mais alors, qu’est ce qui le régit ? Il s’agit du principe de plaisir. En effet, le « ça » n’a que faire du principe de réalité. Et ce principe de plaisir, qu’est ce que ça veut dire ? On entend par la que les pulsions cherchent à s’écouler par les voies les plus courtes, tout de suite, ici et maintenant.
Tout ce qu’il veut lui, c’est satisfaire ses envies coûte que coûte et sans se soucier de leurs natures et de leurs conséquences. En quelque sorte, il pousse à la jouissance. Lui, il ne réfléchit pas, il préfère agit et réagir. Il n’est à priori pas domestiqué et il recherche seulement la satisfaction immédiate. Le ça ne cherche donc pas à concilier les désirs à l’exigence de la réalité. Il souhaite les réaliser au plus vite.
Un exemple
J’ai faim donc je mange. Il vous pousse donc à manger, à vous nourrir jusqu’à satiété. Et cela sans se préoccuper du moment de la journée, du taux calorique de tel ou tel aliment, ou encore du « summer body » que vous souhaitez vous construire. Il pousse ainsi à réduire au plus vite la tension psychologique et physiologique crée par la sensation de faim.
Mais pas de panique ! Heureusement pour vous, le surmoi est présent pour vous rappeler les règles et tempérer votre voracité. Il entre donc en opposition avec le « ça » en émettant de violentes critiques à son égard. Il faut dire que lui aussi a des exigences ! On se retrouve donc face à un problème, un conflit dira-t-on. Qui écouter ? La voie de la passion ou celle de la raison ? C’est un choix cornélien. Pourtant, il va bien falloir trancher. Il faut bien contenter tout ce petit monde en trouvant un compromis. C’est alors que le « moi » intervient. Il tente donc une proposition qui aura pour objectif de satisfaire les deux parties, sans trop les heurter.
On se dit donc, « tiens, si je mangeais juste un petit morceau de ce gâteau », ou bien « et si je mâchais juste un chewing-gum pour m’occuper les mandibules » ou encore « et si j’attendais quelques heures avant de m’octroyer ce petit plaisir ». Bref, on essaie de domestiquer ce que le « ça » exige à grands cris.
Comment se traduit un ça trop envahissant ?
Il peut arriver que l’on perde notre sérénité et que l’on se retrouve enfermé dans des pensées et des comportements qui nous font souffrir durablement. Cela se produit généralement quand y a un déséquilibre entre toutes les parties de nous-même. Lorsqu’ une des instances prend la fâcheuse habitude d’écraser les autres, alors peut se créer une symptomatologie rigide qui s’installe dans le temps.
Par exemple, une hypertrophie du « ça » peut amener à des pathologies du narcissisme, à des troubles du comportement et des conduites (comme des conduites addictives, des comportements délinquants ou pervers). La toute puissance de cette instance peut aussi se traduire par le développement d’un personnalité pathologique (comme les personnalités narcissique, histrionique, borderline, ou antisociale). Par ailleurs, un « ça » trop puissant peut se retrouver aussi bien dans les structures pathologiques telles que les névroses, les psychoses, les perversions, et les états-limites.
Vous pouvez déceler le caractère excessif et omnipotent de votre « ça » si vous vous retrouvez dans plusieurs des exemples suivants :
. Vous refusez systématiquement toute demande venant de l’extérieur et vous opposez vigoureusement aux autres sauf lorsque vous y trouvez un intérêt.
. Vous ne différez jamais la réalisation d’un désir, vous souhaitez une satisfaction rapide voire immédiate.
. L’avis des autres vous importe peu et cela les énerve.
. Vous vous lancez dans des conduites dangereuses pour vous ou les autres.
. Vous avez du mal à ressentir de la culpabilité et vous tolérez mal la frustration.
. Être au centre de l’attention est ce que vous recherchez particulièrement et vous travaillez à ce que votre parole et votre personnalité soient mise en avant.
. Vous hésitez rarement, superficiellement ou peu de temps avant de demander, dire, ou faire quelque chose.
. Vous avez du mal avec les règles, les interdits, les compromis, les contradictions, et les conflits.