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Le surmoi

« Le Surmoi est issu du rapport de l’enfant avec ses parents par un processus complexe d’identification, grâce à quoi l’autorité extérieure est transportée à l’intérieur du sujet et joue le rôle attribué couramment à la conscience morale.  De par son origine archaïque, il est le représentant du passé, de la tradition, de l’inactuel. Sa tyrannie excessive est l’un des plus grands périls qui menacent la psyché ». Marthe Robert, 1964, psychanalyste.

Bien souvent, on entend cette petite voix dans notre tête qui nous dit « tu es nul, tu es bête, tu n’aurais pas dû, tu devrais, il faut, il ne faut pas, ça serait mieux si … ».

Ces sentences internes révèlent en fait notre capacité à juger les choses, à s’auto-critiquer, à se faire des reproches. Vous me direz que c’est tout ce qu’il y a de plus normal chez une personne équilibrée. Et vous aurez raison évidemment.

Cependant, ce discours intérieur qui nous habite tous peut s’avérer parfois oppressant jusqu’à nous déborder complétement. Certes, il est important que le surmoi s’exprime. Mais pour préserver notre équilibre psychique, il est nécessaire d’éviter de se soumettre absolument à ses diverses injonctions.

Le surmoi, le ca et le moi
Le surmoi, le ca et le moi

Avec qui le surmoi fonctionne-t-il ?

Le surmoi est en quelque sorte une des différentes parties de la personnalité. Il ne fonctionne donc pas tout seul et bien heureusement. En fait, notre appareil psychique se divise en trois parties. On retrouve le « ça », cela désigne notre réservoir pulsionnel. C’est-à-dire nos désirs, nos envies, nos impulsions à dire et à agir. On trouve aussi le « surmoi », c’est notre censeur interne, notre conscience morale, qui nous pousse à agir de telle ou telle manière. Enfin, pour réguler tout ça, il y a une dernière instance qui essaie de satisfaire les deux parties, c’est le «moi».

Pour donner un exemple, vous avez envie de manger une bonne grosse part de gâteau. Le ça vous y pousse, car après tout ça à l’air vraiment délicieux et vous commencez même à en saliver. Le surmoi vous met en garde : attention tu va grossir, attention ça fait beaucoup de sucre, attention aux calories ! Finalement il faut bien faire un compromis. Donc pour satisfaire tout le monde, le moi prend la décision de ne manger seulement qu’un petit morceau.

Qu’est-ce que c’est le surmoi ?

mi ange mi démon
Le surmoi mi ange mi démon

Son rôle est assimilable à celui d’un juge ou d’un flic intérieur. C’est cette fameuse petite voix qui nous rappelle sans cesse ce qui est bien et ce qui est mal. Il nous conseille, nous guide, nous pilote, et la plupart du temps il nous empêche.

Il nous prescrit des interdictions comme « tu ne peux pas dire ça, tu ne peux pas faire ça ». En fait, il s’assure que nous faisons bien ce qu’il convient de faire. Il est exigeant puisqu’il nous impose une forme de mesure, de politesse, nous rend raisonnable et réfléchi. On peut dire qu’il est un vrai pilier de la vie en société.

Son rôle est donc déterminant puisqu’il nous pousse à canaliser et à transformer nos mouvements pulsionnels agressif en un élan positif. Il a aussi pour but de nous stimuler et nous imposer des modèles à atteindre. Il nous est donc d’un grand soutien dans la poursuite de nos objectifs. Mais si on échoue, il sera là pour nous le reprocher et vous ressentirez alors du mépris pour vous-même.

Le surmoi c’est donc le défenseur de vos valeurs, de vos projets de carrière, de vos relations aux autres. Vous l’aurez compris, il a des ambitions pour vous et représente un certain idéal. En somme, il nous permet une auto observation et une auto-évaluation. C’est-à-dire qu’il représente notre capacité à porter un regard, un recul sur nous-même.

Comment est-ce qu’il se construit ?

Le Surmoi n’est pas inné. Il se forge avec le temps. Sa construction se fait par l’influence de notre entourage. Mais elle s’étaye aussi de manière empirique, c’est-à-dire pas à pas en fonction de nos expériences de plaisir ou de déplaisir. L’enfant intègre donc les croyances des autres, ce que qu’autrui exige de lui, mais aussi ses interdits par rapport à son propre apprentissage de la vie.

Au commencement, c’est quand-même l’environnement du bébé qui lui offre les premiers repères quant à ce qu’il doit ou ne doit pas faire. Par exemple, « on ne triche pas, on ne vole pas dans les magasins, on ne tape pas les autres » …  Il se constitue donc par l’intériorisation des exigences et des interdits parentaux.

En réalité, il est l’héritier du complexe d’Œdipe et du complexe de castration. Parce que l’enfant a compris la différence des sexes et des générations, alors il pourra ériger une première limite entre lui et les autres, et surtout entre ce qu’il peut se permettre de faire ou non.

C’est ainsi que l’on intègre les premiers sentiments de culpabilité, lorsqu’on nous fruste, nous prive et nous oblige. On intériorise que si l’on nous oppose tant de chose, c’est peut-être que la faute est notre. C’est alors que nait le surmoi, entre culpabilité, subjectivité et interdictions.

Comment se traduit un surmoi trop perturbant ?

Le gros problème, c’est que Surmoi peut se montrer particulièrement cruel, sadique, oppressant, envahissant. Il peut devenir franchement incontrôlable et vous empoisonner la vie. Dans ce cas-là c’est qu’il y a un déséquilibre entre les différentes parties de vous-même. C’est-à-dire que l’un prend le pas sur toutes les autres.

Voici quelques exemples d’un surmoi trop tyrannique et excessif.

Interdits
Interdictions

Il vous pousse à l’échec

Je travaille comme un forcené mais j’échoue au dernier moment ou je tombe malade. Lorsque je réussis quelque chose de particulièrement attendu, je fais une dépression, je tombe malade. Je reste dans un poste ou dans une profession qui m’apporte de l’insatisfaction permanente et un sentiment de frustration. En amour, je m’arrange toujours, inconsciemment pour faire de mauvais choix. En bref, dans mon quotidien, j’entretiens les impasses.

Vous n’arrivez pas à dire non 

Je ne parviens pas à refuser quelque chose à l’autre. Lorsqu’on me soumet une demande, j’accepte malgré moi. En fait, je m’empêche de m’opposer aux autres. Je rends ainsi tout le temps service, je me consacre et me dévoue à autrui. La plupart du temps, je me plie en quatre pour plaire aux autres et je ne reçois rien en retour. J’ai du mal à m’affirmer et à faire entendre ma parole. Ainsi, je me rallie souvent à la cause des autres.

Vous ressentez une forte culpabilité envers vous-même 

J’essaie de repérer le moindre signe chez l’autre qui pourrait me laisser penser que j’ai fait une erreur. Je m’arrange toujours pour remettre à plus tard une décision qui me serait bénéfique. J’ai toujours une bonne raison pour remettre mes désirs à plus tard et faire passer les contraintes, les obligations, les autres avants moi. Sans cesse, je me fais des reproches et j’ai des comportements masochistes et auto flagellatoire. Il arrive même que je me reproche quelque chose que je n’ai pas commis. En somme, je suis extrêmement dur et exigeant envers moi-même.

Pour résumer

Le surmoi représente l’intériorisation des interdits et des exigences parentales, sociales et culturelles. Il comporte des points positifs et des aspects plus négatifs.

Grâce à lui, nous parvenons à contenir et à transformer nos pulsions. Il nous permet donc de se mettre à la place de l’autre et de comprendre ce que le suscite chez lui. On peut dire que c’est le garant du lien social et du vivre-ensemble.

En revanche, il peut parfois nous inhiber et nous paralyser complétement. Lorsque ses composantes sadiques s’expriment trop bruyamment, alors nous pouvons tendre vers des comportements d’échec et d’insatisfaction. C’est un peu comme si on s’interdisait tout. Pire, nous pouvons inconsciemment y prendre du plaisir et maintenir un surmoi tout-puissant.